Programme Scientifique
Mesures des densités de macro-déchets dans les aires marines protégées de Méditerranée abritant les espèces vulnérables aux macrodéchets.
Les aires marines protégées (AMP) abritent une richesse patrimoniale et des espèces remarquables qu’il convient de protéger avec une attention particulière. Certaines AMP méditerranéennes composent l’habitat d’espèces animales de grande taille susceptibles d’être affectées par les déchets plastiques (cétacés, tortues, phocidés, thonidés et oiseaux marins).
Domaines maritimes dans lesquels des plans de gestion spécifiques résultent d’une réflexion et d’une concertation avec les usagers du milieu et l’administration, les AMP représentent un outil de gestion efficace à travers lequel peut passer la lutte contre les apports locaux de macrodéchets vers la mer.
Même si la sensibilisation des populations du pourtour est indispensable pour réduire la production de déchets à la source (volet auquel sont dédiées les expositions itinérantes du programme M.E.D), fournir aux gestionnaires des AMP de l’information relative aux déchets nous paraît être un moyen pertinent pour faire remonter l’information au niveau des états pour que soient mises en place les mesures adaptées à la réduction des déchets arrivant in fine dans l’environnement marin.
L’objectif de cette partie du programme scientifique consiste donc à recueillir des données quantitatives dans les principales AMP abritant les espèces vulnérables aux macrodéchets afin de les communiquer aux gestionnaires de ces AMP, et d’estimer le niveau de pollution de ces zones.
Le navire de l’expédition dédiera un nombre de jours conséquent pour mesurer la concentration en macrodéchets flottants dans chaque AMP choisie. L’ensemble des mesures effectuées dans les AMP permettra d’évaluer globalement dans quelle mesure ces zones protégées sont touchées par les déchets solides en comparaison de zones extérieures témoins.
L’exploitation et la valorisation des données sera réalisée par le Laboratoire Ecomers de l’Université de Nice (Laboratoire partenaire, cf. annexe 1) spécialisé sur la thématique des AMP. Les conclusions de cette étude globale à l’échelle de la Méditerranée seront également restituées auprès du public et des institutions compétentes.
Compte tenu de la continuité et l’homogénéité
généralement présentes au sein d’une masse d’eau
en mer, il est considéré que mesurer effectivement 10% de
la surface d’une zone permet de caractériser cette zone. Ainsi
dans chaque AMP, 10% de la superficie de l’AMP seront réellement
parcourus et observés pour y réaliser le comptage de déchets.
L’effort de mesure sera réparti de manière homogène
sur l’intégralité de la zone de manière à
être représentatif de toute la zone. La morphologie du littoral
attenant à la zone de mesure (proximité d’un cap, baie,
milieu ouvert, etc.) et la profondeur seront systématiquement enregistrées
afin d’établir d’éventuelles corrélations
avec la densité de déchets. A partir d’un rapprochement
avec la structure de gestion locale, une stratégie d’échantillonnage
ajusté par rapport à la demande locale sera établie
si besoin.
>>> Protocole de mesure
Le protocole de mesure utilisé dérive d’un protocole mis au point par l’Ifremer. Reproductible et simple à mettre en œuvre, il permet de déterminer des concentrations de macrodéchets en surface de la mer.
Les mesures sont effectuées par une équipe
d’observateurs par comptage des déchets flottants visibles
à l’œil nu, sur la trajectoire du bateau et dans la couche
de surface, soit jusqu’à une profondeur d’environ
1 mètre pour les déchets de plus grande taille (sacs et emballages
plastique). Connaissant la distance parcourue par le navire et la largeur
de la fenêtre d’observation, une densité de macrodéchets
par unité de surface et par taille de débris peut
ainsi être calculée pour chaque section de comptage. L’espace
d’observation est délimité par la coque du navire et
l’extrémité de 2 perches chacune installée sur
bâbord et tribord du bateau.
Un observateur est positionné debout à l’aplomb de chaque
perche afin de comptabiliser les déchets. La fenêtre de comptage
se caractérise par une largeur effective de 7 mètres le long
du trajet du bateau.
Seront conviés à contribuer aux comptages les membres des associations environnementales partenaires dans les pays, les étudiants des universités partenaires, ainsi que le personnel et les collaborateurs des structures de gestion des AMP.
Lorsque les conditions météorologiques le permettront pendant la navigation, des échantillons des déchets observés seront par ailleurs prélevés à une fréquence régulière à l’aide d’un filet latéral dans le but d’identifier et classifier les composants.
Le filet d’une maille de 5 mm de côté
retiendra tous les déchets potentiellement visibles depuis le pont
pendant la mesure par observation.
Une pesée des déchets permettra de caractériser
plus précisément la pollution étudiée.
Il est en effet important de mieux connaître les types de déchets
présents dans les différentes zones afin d’adapter localement
si besoin la cible et le mode de sensibilisation pour la réduction
des déchets à la source.